Le 8 mars, symbole mondial de la lutte pour les droits des femmes, est bien plus qu’une simple célébration : c’est un appel à la reconnaissance et à l’action. Au Togo, l’une de ces voix qui portent est celle de Madame Rose Koudjome, présidente du club de basket-ball Melting-Pot. Femme d’affaires, promotrice sportive et engagée dans le développement social, elle nous partage sa vision du rôle des femmes dans la société, des défis sécuritaires et économiques, ainsi que son combat pour la valorisation du sport au Togo.
Les femmes togolaises : entre fierté et résilience
Madame Rose Koudjome évoque avec force et conviction l’importance du 8 mars : « Cette journée est une vitrine pour saluer les batailles menées et celles à poursuivre. Nos aînées ont ouvert la voie, mais nous devons continuer à marcher. »
Si des avancées sont visibles, notamment avec des femmes occupant des postes de haut niveau, elle insiste sur les défis persistants, notamment en matière de sécurité et d’autonomisation financière : « L’insécurité qui sévit au nord du Togo impacte fortement les familles. Nous, les femmes, en tant que mères, épouses et entrepreneures, devons nous mobiliser pour protéger nos communautés et préserver nos activités économiques. »
La cherté de la vie est un autre sujet qui l’interpelle : « Le pouvoir d’achat des ménages diminue, et les femmes, premières gestionnaires du foyer, en ressentent durement les effets. Il est urgent de mettre en place des solutions durables. »
Droits des femmes : une conquête permanente
Lorsqu’il s’agit d’évaluer la situation des droits des femmes au Togo, Madame Rose Koudjome dresse un bilan contrasté : « Certes, nous avons des ministres, des députées, des femmes chefs d’entreprises, mais le combat est loin d’être terminé. Les réalités diffèrent entre la capitale et les zones rurales, où les violences domestiques et l’injustice sociale persistent. »
Elle insiste sur la nécessité pour les femmes de s’engager activement : « Rien ne nous sera offert. Il faut se battre pour nos droits et refuser le statu quo. »
Le basket-ball, un outil d’unité et d’émancipation
Si son engagement dépasse le cadre du sport, Madame Rose Koudjome y consacre une part essentielle de sa vie à travers Melting-Pot, son club de basket-ball. Fondé dans un esprit d’inclusion et de dépassement de soi, ce club est devenu un creuset où se forment des talents issus de divers horizons.
« J’ai créé Melting-Pot dans les années 1990, à une époque où notre pays traversait des tensions sociopolitiques. L’idée était simple : offrir aux jeunes un espace où seule leur passion du basket compte, au-delà des différences ethniques ou religieuses. »
Depuis, le club s’est imposé comme une référence, formant plusieurs générations de basketteurs et multipliant les succès en compétition. « Nous avons des ambitions fortes pour cette nouvelle saison. Nos équipes, des catégories jeunes aux seniors, ont du potentiel et nous voulons aller encore plus loin. »
Mais Madame Rose Koudjome ne cache pas les difficultés auxquelles son club est confronté : « En 25 ans, nous n’avons jamais bénéficié d’une subvention de l’État ou de la Fédération. Pourtant, un soutien, même minime, pourrait faire une grande différence pour nos joueurs. »
Elle pointe également du doigt les lacunes dans la gestion du sport au Togo : « Nous avons des jeunes talentueux, mais sans une structuration sérieuse du basketball national, comment espérer voir émerger des champions togolais sur la scène internationale ? »
Un appel à l’action pour un avenir meilleur
Pour conclure, Madame Rose Koudjome adresse un message fort : « Les femmes togolaises doivent continuer à se battre, non seulement pour leurs droits, mais aussi pour l’avenir de notre pays. Le développement passe par l’engagement de chacun, dans tous les domaines. »
Quant à son club, elle rêve de le voir briller au-delà des frontières : « Nos jeunes doivent comprendre que le succès ne repose pas uniquement sur le talent. Travail, rigueur et persévérance sont les clés de la réussite. »
À travers son engagement inébranlable, Madame Rose Koudjome incarne cette force féminine qui construit, unit et inspire. Un modèle de détermination qui prouve que l’émancipation passe autant par les discours que par l’action sur le terrain – qu’il soit social, économique ou sportif.
