Le Togo accorde ses réformes : l’État et le privé en quête d’harmonie économique

ECONOMIE SOCIETE

L’OTR, la CNSS et les acteurs du secteur privé accordent leurs violons pour une gouvernance plus fluide et des réformes plus audacieuses.Ce Mardi 08 avril 2025, l’air de la capitale togolaise résonnait d’un écho particulier : celui du dialogue. Une rencontre stratégique, orchestrée comme une partition bien rythmée, a réuni à Lomé des représentants du secteur privé et deux piliers de l’administration publique — la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et l’Office Togolais des Recettes (OTR). L’événement s’inscrivait dans le sillage d’un atelier tenu trois mois plus tôt, visant à bâtir une administration plus favorable aux affaires. Cette journée d’échanges, loin d’être une simple formalité, s’est révélée être un véritable laboratoire d’idées, où le dialogue s’est voulu constructif, franc, et résolument tourné vers l’avenir.

Au pupitre, le ministre de l’Économie et des Finances, Essowè Georges Barcola, a donné le ton :
« L’État et le secteur privé ne sont pas deux solistes évoluant sur des scènes opposées, mais bien deux voix complémentaires d’un même chœur économique. » Un rappel fort, étayé par des chiffres éloquents : en 2024, le secteur privé a généré 76,8 % du PIB nominal et représenté près de 98 % de l’emploi sur les cinq dernières années. Un rôle de premier violon, donc, que l’État entend soutenir et amplifier par des réformes ciblées.

Le cœur des discussions ? Créer une symphonie administrative plus fluide, plus agile, débarrassée des fausses notes bureaucratiques. Le dialogue ne visait pas seulement à exposer les préoccupations des entreprises, mais à y apporter des réponses concrètes, sans détour. Une volonté affirmée de « régler les dissonances », notamment celles liées aux services de l’OTR et de la CNSS.

Les syndicats, présents en nombre, ont été chaleureusement salués.
Le ministre n’a pas manqué de leur adresser un mot appuyé, rappelant que « la croissance ne se construit pas uniquement sur les épaules du capital, mais aussi sur les bras des travailleurs ». Cette reconnaissance de l’effort collectif ouvre la voie à une collaboration plus inclusive.

Dans un discours sans langue de bois, les enjeux ont été posés sur la table avec franchise.
Le ministre a évoqué la nécessité de clarifier certaines notions fiscales, comme celle du chiffre d’affaires, trop souvent sujette à interprétation. « Lorsque le droit laisse place à l’ambiguïté, il devient terrain de conflits », a-t-il souligné, plaidant pour une définition limpide et sans équivoque.

Il a également abordé la question épineuse des pénalités, en insistant sur l’importance de fonder les redressements fiscaux sur des données incontestables. « Il faut automatiser, digitaliser, objectiver », a-t-il martelé, pour désamorcer les tensions et prévenir les malentendus. Il n’a pas éludé la réalité : « Il y a certes de la bonne foi chez certaines entreprises, mais aussi des manœuvres intéressées. Il nous faut donc des outils à l’épreuve de la mauvaise foi. »

Sur le terrain social, l’assurance maladie universelle a été saluée comme une avancée majeure.
Toutefois, des inquiétudes subsistent quant à la lenteur dans la distribution des cartes. Le ministre a exhorté les structures concernées à accélérer le processus, en impliquant davantage les acteurs du secteur privé dans cette dynamique solidaire.

Le droit d’enregistrement, autre sujet brûlant, a aussi été abordé.
Une réforme pourrait bientôt permettre une modulation des paiements, notamment pour les jeunes entreprises, afin de leur permettre de respirer un peu dans les premiers battements de leur activité. « Il ne s’agit pas de gratuité, mais d’une souplesse nécessaire à l’éclosion », a-t-il précisé.

En toile de fond, une administration en pleine métamorphose.
Le ministre a mis en lumière les réformes phares engagées ces dernières années : la généralisation du budget programme, qui responsabilise davantage les ministères, ou encore la réorganisation de l’Office Togolais des Phosphates, désormais plus performant. Autant de signaux que l’État ne se contente plus d’administrer, mais aspire à accompagner, à écouter, et à co-construire.
« Ce n’est qu’un début. Nous allons répéter l’exercice, affiner notre méthode, approfondir nos échanges. Et là où nous ne pourrons répondre tout de suite, nous reviendrons, en toute transparence, expliquer, justifier, proposer. » a laissé entendre le ministre.

Cette rencontre n’était pas un simple tour de table, mais bien une session de réglage pour accorder les instruments d’un orchestre économique appelé à jouer en harmonie. Loin des discours figés, elle a été le prélude d’un nouveau tempo entre l’État et le secteur privé : celui du partenariat, de l’écoute et de l’action.