À Lomé, la capitale togolaise, un vent de coordination souffle sur les enjeux sécuritaires. Depuis ce mercredi, la Commission nationale de lutte contre la prolifération, la circulation et le trafic illicites des armes légères et de petit calibre (CNLPAL) a donné le ton d’une symphonie interinstitutionnelle, orchestrant un atelier national de partage d’expériences. Le but ? Harmoniser les partitions des structures engagées dans la lutte contre l’extrémisme violent, la drogue, et les atteintes aux droits humains.
Dans un contexte où les balles sifflent dans le Grand Nord et où la menace se délocalise des dunes sahéliennes aux côtes du Golfe de Guinée, le Togo refuse de jouer en solo. Inoussa Bouraïma, vice-président de la CNLPAL, en a posé la note : « Il s’agit d’asseoir une plateforme commune pour fédérer les forces et accorder les violons autour d’une feuille de route cohérente et humaine. »
L’initiative, saluée pour sa vision stratégique, réunit une trentaine de représentants issus de divers horizons étatiques : ministère des Armées, ministère de la Sécurité, comité interministériel de lutte contre les violences, comité anti-drogue, Autorité nationale pour l’interdiction des armes chimiques, programme d’urgence pour la résilience des communautés, et bien entendu, la Commission nationale des droits de l’homme.
Le Secrétaire général de la CNLPAL, Jonas paka , intervenant avec gravité, a dressé un état des lieux sans fard : « On parle aujourd’hui de plus de 10 000 armes en circulation entre les mains de civils. Et ce n’est là que la face visible de l’arsenal. » Entre braquages en milieu urbain et attaques ciblées dans les zones rurales, les faits parlent, hélas, plus fort que les discours.
Mais au-delà des chiffres, c’est la méthode qui fait écho : travailler main dans la main, éviter les dissonances administratives, et faire dialoguer les textes avec le terrain. L’atelier prévoit des échanges approfondis sur les missions des différentes structures, une relecture critique des cadres juridiques encadrant la lutte contre les ALPC, mais aussi une réflexion sur la place du respect des droits humains au cœur des opérations sécuritaires.
Et pour cause : « Quand les armes parlent, les droits se taisent », confie un participant, rappelant que la riposte étatique, parfois musclée, peut heurter les principes fondamentaux. C’est pourquoi la présence de la Commission nationale des droits de l’homme s’impose comme un contrepoids salutaire dans cette quête de paix durable.
En somme, ce conclave de deux jours ne vise pas seulement à tirer à boulets rouges sur les menaces, mais à désarmer l’incohérence institutionnelle, à désamorcer les antagonismes bureaucratiques, et à charger les acteurs d’une nouvelle munition : celle de la collaboration éclairée.
Car face à la violence qui ronge les frontières et les consciences, seule une paix armée… de dialogue, de cohérence et de respect des droits, peut tenir le front.