Comment réenchanter le reggae à la source africaine , à l’Espace Culturel MIVA de Lomé, ce 30 Avril 2025 , une onde chaleureuse a traversé l’atmosphère musicale du Togo. Elle portait le nom d’Harmonie Reggae aux Racines Africaines, une initiative ambitieuse lancée par Peace Forever Live Music Production, pionnière de la cause reggae au Togo. Plus qu’un simple projet musical, c’est une entreprise de réappropriation culturelle, de reconnaissance identitaire et de transmission patrimoniale. Il s’agit de réconcilier le reggae avec ses racines africaines et de faire résonner ces racines au rythme des tambours du Togo. Ariel Dassanou est le président de peace forever.
À la croisée de trois continents , Afrique, Europe et Amérique , le projet Togo–France–Jamaïque tisse un dialogue entre passé et présent, tradition et modernité. Car si le reggae a conquis le monde depuis la Jamaïque, il bat depuis toujours au tempo de l’Afrique. Yves Awougnon, représentant de Peace Forever, le résume avec force : « Ce projet est révolutionnaire pour la scène togolaise. Il vient rappeler que cette musique, que beaucoup considèrent comme exportée depuis les Caraïbes, est en réalité une flamme rallumée par la mémoire africaine. »
Pour lui, il est essentiel de dépasser les clichés. Le reggae ne se limite pas à une esthétique jamaïcaine : il plonge ses racines dans les rythmes ancestraux que les peuples africains ont portés avec eux, souvent dans la douleur, à travers les routes de l’esclavage. « Aujourd’hui, même les Jamaïcains reconnaissent que leur reggae est nourri de notre patrimoine. Le moment est venu de montrer que le Togo a aussi son mot à dire ou plutôt, son beat à battre », souligne-t-il.
Le projet s’articule autour de la Recherche musicale qui est une étude approfondie des rythmes traditionnels togolais afin de retrouver les racines rythmiques du reggae, de la syncope au battement du cœur tribal. La Fusion sonore , une mise en commun des instruments, styles et langages musicaux togolais et jamaïcains pour créer une identité propre, un reggae qui ne copie pas mais compose.
La Réflexion sociologique, une relecture du reggae comme musique de résistance née de la souffrance et de l’exil, mais aussi comme hymne d’espérance, profondément liée à l’histoire africaine sans oublier la Résidence fermée qui se tiendra Du 9 mai au 9 juin 2025, une résidence de création qui rassemblera des musiciens chevronnés au mythique studio OTODI, avec des immersions à Vo-Koutime, Agbodrafo, Kpalimé… pour capter les échos de la mémoire vivante.
Mais le projet ne s’arrête pas à une création confidentielle. Une seconde résidence, cette fois ouverte sous forme de masterclass, est prévue pour transmettre le fruit de ces recherches à la communauté reggae du pays. L’objectif est clair : faire émerger un reggae togolais identitaire, conscient de son histoire, affirmé dans sa forme, prêt à franchir les frontières.
Pour Senyon Hodin, chargé de production à Togo Créatif, l’enjeu est autant artistique qu’économique : « Il s’agit de repositionner l’artiste reggae togolais dans une dynamique de création originale, et non plus dans l’ombre des icônes caribéennes. Ce projet donne une colonne vertébrale culturelle et professionnelle à toute une filière. »
La table ronde prévue le 7 juin à Rasta Village (Agbodrafo) viendra nourrir ce dialogue entre spiritualité, héritage et avenir. Car ici, l’art est un outil de reconstruction : il réveille la mémoire, réunit les peuples et redonne espoir.
Un final qui promet de faire date
Le concert de restitution du 21 juin à l’Institut Français du Togo viendra clore cette première étape sur une note vibrante. Une date symbolique celle de la Fête de la Musique pour une musique de fête, de combat et de conscience. Ce sera plus qu’un concert : une déclaration d’identité, un manifeste artistique, un retour aux sources amplifié par les voix d’une nouvelle génération.
Harmonie Reggae aux Racines Africaines ne cherche pas à imiter, mais à initier. Initier un mouvement d’émancipation culturelle, une onde de reconnexion, une vibration collective. Et si demain, le reggae mondial résonnait aux tambours du Togo ? Le message est clair : ce que la mer a séparé, la musique peut le réunir.