Il est des artistes qui ne se contentent pas de façonner la matière, mais sculptent aussi nos regards, polissent nos consciences et fondent de nouvelles pensées. Avec KↃKↃLI, exposition portée par la Galerie Artémis et dévoilée en grande pompe le 8 mai 2025 au siège de CFAO Mobility à Lomé, le jeune prodige togolais Atisso Goha nous convie à un voyage initiatique, au cœur des déchets, vers les confins du sacré.
Kokoli, en éwé, signifie « déchet », « ce que l’on rejette ». Mais dans les mains de Goha, ce mot se mue en symbole. Ce qui était relégué au silence devient verbe. Ce que l’on croyait inerte se redresse avec panache. Pièces mécaniques usées, bidons éventrés, objets fatigués de nos intérieurs : l’artiste leur insuffle une deuxième vie, majestueuse, quasi mystique. À travers ses sculptures animales monumentales — des totems modernes — il crée un dialogue entre passé, présent et urgence écologique.
Une exposition, une révélation

KↃKↃLI n’est pas simplement une exposition : c’est un manifeste. Un cri d’alarme doux mais profond, une prière de métal adressée à notre époque saturée de consommation et d’amnésie environnementale. Goha interroge : que faisons-nous de ce que nous abandonnons ? Et sa réponse est sculptée, martelée, soudée dans la chair même du rebut.
Chacune de ses œuvres semble vivante. Le métal, pourtant froid, y devient émotion. La rouille y prend des airs de mémoire. L’artiste ne recycle pas seulement : il re-sacralise. Il transforme la mécanique en message, la technique en témoignage.
CFAO Mobility Togo : quand l’industrie se fait écrin d’émotion
C’est au sein même de son siège, à Lomé, que CFAO Mobility Togo a accueilli ce projet ambitieux. Son représentant l’a exprimé avec justesse : « Ce que nous manipulons quotidiennement – pièces, moteurs, engrenages – nous le connaissons dans sa technicité. Mais ce soir, nous découvrons l’essence. L’essence de la beauté, de l’émotion, de la transformation. Là où nous voyons la fin d’un cycle, Atisso voit le début d’une légende. »

Entreprise engagée pour une mobilité responsable et durable, CFAO Mobility a trouvé dans cette exposition une parfaite incarnation de ses valeurs. Elle démontre que l’industrie et la créativité ne s’opposent pas, mais s’enrichissent mutuellement.
La Galerie Artémis : entre création et conscience
À l’origine du projet, Diane Hanvi, directrice générale de la Galerie Artémis, n’a pas caché son émotion : « KↃKↃLI est bien plus qu’une série d’œuvres. C’est un combat, une cause. L’Afrique doit, elle aussi, inventer ses solutions écologiques, et cela commence par un changement de regard. L’art en est un levier puissant. »
Elle rappelle que la galerie ne se limite pas à accompagner des artistes : elle défend aussi une vision du monde. Un monde où rien ne se perd, mais tout se transforme — en sens, en message, en beauté.
La voix d’Atisso : un pas de côté vers l’essentiel
Enfin, Atisso Goha, avec la pudeur des grands créateurs, a livré un mot d’une rare intensité : « Là où la société ne voit plus rien, je vois encore une énergie. KↃKↃLI, c’est la matrice oubliée, la mémoire rouillée, l’envers du décor. Je vous invite à regarder autrement, à voir la noblesse dans le rejet, la possibilité dans ce qui semble perdu. »
Ce n’est pas seulement un appel à contempler, mais à se remettre en question. À penser autrement nos gestes, nos déchets, notre planète.
L’exposition KↃKↃLI, visible jusqu’au 7 juin 2025, donne rendez-vous à tous ceux qui croient encore que l’art peut changer le monde, une pièce rouillée à la fois. Elle nous rappelle que dans ce que nous jugeons inutile, réside parfois l’essentiel.
Là où la société jette, Atisso sculpte. Là où l’on détourne le regard, il redonne sens. Là où tout semble terminé, il forge un recommencement.