Ce 12 mai 2025 à Lomé, la table ronde ministérielle de haut niveau a ouvert les débats avec une intensité rare, révélant un continent en quête de souveraineté budgétaire et de cohérence collective.
Sous la modération du Professeur Kevin Chika Urama, économiste en chef de la Banque africaine de développement, les ministres des Finances venus de toute l’Afrique ont engagé un échange franc, sans fard, où les masques diplomatiques sont tombés au profit d’un réalisme lucide.
Georges Barcola, ministre togolais, a exposé la vision d’un Togo engagé dans une gouvernance budgétaire prédictive, refusant les gestions au fil de l’eau. Son homologue sénégalais, Cheikh Diba, a quant à lui insisté sur l’importance de replacer le bien-être social au cœur de toute politique d’endettement, car sans justice sociale, aucune stabilité financière n’est durable.
Tous ont convenu que l’absence d’une position commune africaine affaiblit les États dans leurs négociations face aux créanciers internationaux. Ils ont aussi souligné que la soutenabilité de la dette ne peut se limiter à des ratios techniques comme le rapport dette/PIB, mais qu’elle doit aussi prendre en compte son impact humain et social. Et enfin, il est apparu urgent de mutualiser les efforts du continent par la création de plateformes africaines de renégociation, afin de restaurer un véritable rapport de force collectif.
La dette, ici, a été démystifiée, humanisée, ramenée à ce qu’elle affecte réellement : des vies, des services essentiels, des espoirs parfois brisés par le poids des remboursements.
L’après-midi, moins médiatique mais tout aussi stratégique, a permis à plusieurs délégations de se retrouver pour des dialogues bilatéraux approfondis. Ces échanges techniques ont permis d’évoquer des propositions concrètes comme la création de fonds souverains communs pour amortir les chocs économiques, l’élaboration d’un mécanisme continental de garantie pour réduire le coût du crédit, ou encore la mise en place d’un observatoire africain de la dette en partenariat avec la Commission Économique pour l’Afrique.
Ce premier jour de conférence aura ainsi planté les fondations d’une ambition partagée : redonner sens et maîtrise à l’endettement africain, en réconciliant responsabilité, solidarité et stratégie. Si la dette est bien une affaire de chiffres, elle est surtout, à Lomé, devenue une affaire de conscience.