Au cœur du Togo, l’Afrique débat, délibère et dessine une gouvernance nouvelle de la dette publique à travers un programme aussi dense que décisif. Du 12 au 14 mai 2025, Lomé devient l’atelier panafricain de la transformation économique. Le temps d’un sommet d’envergure, la capitale togolaise accueille la Conférence de l’Union Africaine sur la dette publique, avec pour objectif cardinal : poser les bases d’une stratégie continentale de gestion viable et responsable de la dette. Mais au-delà des intentions, c’est un programme minutieusement élaboré, riche de sessions décisives, qui rythme ces trois jours de réflexion.
Lundi 12 mai 2025 : Ouverture solennelle et convergence des visions
9h00 – 10h30 : Cérémonie inaugurale
Sous la présidence de S.E.M. Faure Essozimna Gnassingbé, cette ouverture revêt les habits d’un acte fondateur. Aux côtés du Président togolais, plusieurs Chefs d’État africains, dont S.E.M. John Mahama du Ghana, prononceront des allocutions fortes, soulignant l’urgence d’une réponse concertée face à l’escalade de la dette. Ce moment solennel sera aussi celui de la reconnaissance du leadership togolais sur les questions de gouvernance économique.
11h00 – 13h00 : Table ronde ministérielle de haut niveau
Cette session, animée par le Professeur Kevin Chika Urama (BAD), réunit les ministres des finances de plusieurs pays africains. Thème central : L’agenda africain de gestion de la dette publique. Dans une ambiance studieuse mais combative, les ministres confrontent diagnostics, stratégies nationales et expériences locales. L’enjeu ? Bâtir un socle commun d’engagements et partager les meilleures pratiques, du renforcement institutionnel aux outils de prévision budgétaire.
L’après-midi (rencontres bilatérales et techniques)
Des discussions techniques et des rencontres bilatérales entre institutions régionales, banques panafricaines et gouvernements s’enchaînent. Déjà, les premiers jalons d’initiatives concrètes se dessinent.
Mardi 13 mai 2025 : Des thématiques de fond pour des fondations solides
9h00 – 10h30 : Le rôle des Parlements dans la supervision de la dette
Souvent absents du radar médiatique, les Parlements nationaux ont pourtant un rôle décisif à jouer dans la transparence budgétaire. Cette session explore comment les législateurs peuvent renforcer les garde-fous et instaurer une culture de redevabilité. L’enjeu est double : crédibiliser les politiques d’endettement et restaurer la confiance des citoyens.
11h00 – 12h30 : Amélioration des notations de crédit africaines
Face à des agences de notation parfois aveugles aux réalités locales, l’Afrique doit construire une approche alternative. Cette session questionne les mécanismes d’évaluation actuels et esquisse les contours d’un système plus juste, équilibré et adapté. Comment booster la perception du risque africain sans le travestir ? Comment créer un label africain de confiance financière ? Autant de pistes explorées avec acuité.
14h00 – 16h00 : Financements innovants dans le cadre de l’Agenda 2063
L’Afrique ne veut plus tendre la main, elle veut tendre des idées. Cette session met en lumière des outils financiers alternatifs : obligations vertes, mécanismes de conversion de dette, finance islamique, levées de fonds diasporiques… Tous ces instruments, bien que parfois expérimentaux, dessinent une voie nouvelle pour répondre aux besoins colossaux de financement de l’Agenda 2063.
16h30 – 18h00 : Le rôle des institutions financières panafricaines
Banque Africaine de Développement, Banque Ouest-Africaine de Développement, Fonds africain de solidarité… Ces acteurs clés exposent leurs visions pour soutenir les États membres. Comment mutualiser les risques ? Créer des plateformes de garantie ? Élaborer des fonds d’investissement communs ? La solidarité financière africaine prend ici un visage institutionnel.
Mercredi 14 mai 2025 : Clôture et élévation vers l’unité
9h00 – 10h30 : Transparence et responsabilité dans la gestion de la dette
Alors que la dette a souvent été synonyme d’opacité, cette session exhorte à une nouvelle ère de transparence. Tableaux de bord publics, audits citoyens, publication systématique des contrats de prêt… autant d’initiatives mises en débat pour restaurer la confiance des peuples.
11h00 – 12h30 : Renforcement des capacités et coopération internationale
La dette n’est pas qu’une affaire de chiffres : c’est aussi une affaire de compétences. Cette session explore les dispositifs de formation, d’appui technique et de coopération Sud-Sud. Elle souligne aussi la nécessité d’un plaidoyer commun dans les institutions multilatérales, pour que la voix de l’Afrique ne soit plus un murmure dans le concert des décisions globales.
12h30 : Adoption de la Déclaration de Lomé
Texte stratégique, ce document incarne une volonté commune : celle de redéfinir l’endettement non comme une fatalité mais comme un outil au service du développement. Cette déclaration proposera des principes clairs et un agenda d’action, porté par l’ensemble des pays membres de l’Union africaine.
13h00 : Cérémonie de clôture
Dans une ambiance solennelle, empreinte d’espoir, la conférence s’achève. Mais le véritable voyage commence : celui de la mise en œuvre, du suivi et de l’enracinement des réformes. Lomé aura été la scène du diagnostic, mais aussi le départ d’une stratégie de souveraineté économique durable.
L’Afrique n’est pas condamnée à subir l’histoire économique. En réunissant ses forces, en mutualisant ses idées, en forgeant une position commune, elle peut reprendre la main. À Lomé, les mots ont été posés avec poids et les engagements pris avec foi. Il ne reste plus qu’à transformer cette conférence en cohérence, et cette cohérence en constance.