Des obus lancés pour torpiller le siège social du ministère en charge du commerce, et mille accusations farfelues collées au ministre Kodjo Adedze, l’acharnement sur ce serviteur de l’Etat devient de plus en plus hallucinant. Et l’opinion l’aurait sûrement constaté.
Depuis des semaines, des tabloïds agissant en actions groupées, dans une dynamique offensive sur fond de délation, s’échinent, s’époumonent à décortiquer les mêmes sujets retournés dans tous les sens, d’une parution à l’autre. Du pétrolegate, ceux pour qui le gouvernement togolais se réduit au ministère du commerce, ont trouvé aujourd’hui une roue secours pour casser la monotonie, cette uniformité lassante, et la redondance : la vie chère. Et le coupable, le seul, est tout désigné : Kodjo Adedze.
Le Togo, tout comme bon nombre de pays, dans un contexte marqué par la pandémie à coronavirus, réunit plusieurs conditions justificatrices de la cherté de la vie. Le phénomène est caractérisé par un niveau relativement élevé des prix des produits de grande consommation. Des prix qui ont globalement grimpé de plusieurs points en quelques semaines comme par enchantement, alors que le revenu réel par habitant se dégrade, avec une baisse remarquable du pouvoir d’achat des ménages.
Si l’Etat a sa responsabilité engagée, il serait malhonnête de faire abstraction de tous les paramètres extra étatiques qui se liguent pour booster le prix des produits de grande consommation. Du côté de l’Etat, la décision inopportune d’augmenter les frais de péage, l’instauration de la taxe sur les véhicules à moteur (Tvm), la hausse du prix des produits pétroliers à la pompe et la prorogation de l’état d’urgence sanitaire ont eu de facto des incidences directes sur tous les prix .
D’autre part, le phénomène de la vie chère s’explique par des conjonctures externes, notamment l’inflation importée, les difficultés d’approvisionnement dues à la réduction du trafic maritime, l’augmentation du fret maritime, les exportations illégales des céréales par certains citoyens véreux qui pompent allègrement sur les excédents de l’Agence nationale de la sécuritaire alimentaire (Ansat) livrés à la vente. Aussi la période de crise sanitaire prête-t-elle à une baisse drastique de la production sur le plan mondial alors que la demande est sans cesse croissante. Juguler la cherté de la vie prend dès lors des dimensions transversales qui engagent plusieurs départements ministériels, ceux en charge des finances, des transports, de la sécurité, de l’agriculture et du commerce. Autrement, la solution relève d’une action conjointe de plusieurs ministres sous la haute responsabilité du Premier ministre.
En faisant une lecture étroite et sectaire de la situation pour n’engager que la responsabilité du ministre Kodjo Adedze en charge du commerce qui n’a autre mission que la régulation du secteur commercial, – surtout si la détraction vient des plumes spécialisées dans les tirs à boulets rouges contre cette même personnalité -, on peut s’interroger sur la feuille de route de la mission et le bien-fondé de ces dénonciations et accusations qui virent à la calomnie de mauvais goût et de mauvaise conscience.
Finalement, l’on veut forcer l’opinion à croire que ce pays n’est plus gouverné, qu’il n’y a plus un chef d’Etat qui a le contrôle du fonctionnement de tout l’appareil étatique, et que tout ce qui va mal dans les 56 600 km2 depuis quelques semaines relève des seules responsabilités du ministre Kodjo Adedze. Un acharnement hallucinant, à la limite une obstination déraisonnable, qui interpelle vivement.
La Symphonie n° 187 du 30 juin 2021