Ce mercredi 23 avril 2025, les murs de l’Institut Français de Lomé ont frémis sous le souffle de la création. C’est au cœur de cette agora de l’esprit que s’est ouverte l’édition spéciale de La Fabrique de Fictions, un événement à haute densité poétique, impulsé dans le cadre du Festival Nomade. Plus qu’une cérémonie inaugurale, ce fut une véritable incantation artistique, une traversée inaugurale où les mots, les gestes et les regards se sont donnés la main pour réveiller les consciences et enchanter l’imaginaire.
Dès 19 heures, la scène s’est transformée en un carrefour d’expressions, de langues et de langages, où se sont croisés artistes, penseurs, rêveurs et amoureux du théâtre. Le public, venu nombreux, a été accueilli dans une atmosphère feutrée, presque sacrée, où la lumière semblait épouser la parole, et où chaque silence portait le poids du sens à venir.
Initiée par La Fabrik en collaboration avec de prestigieux partenaires tels que le Deutsches Theater de Berlin, Togo Créatif, le Goethe-Institut, l’Institut Français du Togo, cette édition spéciale de La Fabrique de Fictions s’annonce comme une constellation d’expériences scéniques, un déploiement d’utopies incarnées, une invitation à penser autrement les territoires du réel.
L’ouverture a été marquée par des allocutions vibrantes, portées par les voix de ceux qui croient encore que l’art peut être un levier, une boussole, une arme douce. Loin des discours formatés, chaque intervention fut un éclat d’authenticité, un appel à la (re)connexion à l’essentiel : l’humain, le lien, la mémoire partagée.
À 20h30, le ton fut donné par la performance Mi abbatto e sono felice de la compagnie Mulino ad Arte venue d’Italie – une œuvre atypique, déroutante, portée par une urgence poétique. Seul en scène, l’acteur a incarné l’homme moderne dans toute sa fragilité, son absurdité parfois, mais aussi dans son inépuisable capacité à rêver et à se réinventer. Entre théâtre, humour et militantisme écologique, cette pièce a fait mouche, et les applaudissements nourris qui ont clôturé la soirée témoignaient d’un public touché au cœur.
Le rideau est donc levé sur une édition qui promet d’embrasser les contradictions de notre monde, d’explorer les marges, de donner voix à celles et ceux qu’on n’entend pas. Théâtre du dedans, théâtre du dehors, théâtre du vrai : La Fabrique de Fictions est en marche, et nul doute que cette marche sera habitée, habitante, habitée d’espérances.
Que la scène soit nomade, que les récits soient multiples, et que l’art continue de battre le pavé.