Le 30 avril 2025, à l’heure où le jour se retire pour laisser place à la confidence de la nuit, le Cotton Club s’est mué en cathédrale du groove, en sanctuaire du souffle musical. À l’occasion de la Journée Internationale du Jazz, les murs de ce haut lieu culturel n’ont pas seulement résonné , ils ont chanté, parlé, témoigné de la puissance transversale de cette musique née d’une douleur ancestrale et devenue langue universelle.
Ce soir-là, les percussions n’étaient point simples instruments : elles étaient oracles. Et celui qui les maniait, Aklama, n’était point musicien, mais passeur d’âmes, alchimiste du rythme. À la fois batteur et gardien des pulsations primordiales, il a fait du tambour une prière, une offrande, une mémoire vivante. Chaque frappe semblait convoquer les ancêtres, invoquer les sens, réveiller le sacré.
À ses côtés, Maestro Charles, poète du clavier, distillait des harmonies telles des gouttes d’encens. Ses accords, tour à tour caressants et incisifs, semblaient murmurés par les muses elles-mêmes. Tandis que Maestro Serge, à la basse, faisait vibrer les fondations mêmes de l’espace, tissant un tapis sonore sur lequel les autres solistes déroulaient leurs envolées.
Puis vint Maestro Bénito, dont le piano, en véritable magicien du silence, sculptait le vide, modelait le temps. Ses doigts glissaient sur les touches comme une plume sur la peau d’un tambour : avec grâce, feu et finesse. À la basse également, le jeune Jérémy a démontré une maîtrise rare, mariant rigueur et intuition, sagesse et fraîcheur.
Mais ce fut Tina qui fit chavirer les âmes. Voix de velours et de volcan, elle incarna la quintessence de l’émotion. Elle ne chanta pas : elle confia. Elle ne performa pas : elle habita. Elle fit du jazz une plainte, un cri contenu, une extase douce. Chaque note égrenée était un battement de cœur universel.
Le souffle du soir, ensuite, fut porté par Koffi Sax, dont l’instrument, comme habité par les vents de la savane et les soupirs des villes, offrit un discours sans mots mais d’une éloquence bouleversante. Sa prestation était un long poème en cuivre, une improvisation céleste. Puis Innocent, à la trompette, vint cisailler le silence d’éclats d’or. Il injecta au concert cette vibration céleste propre aux grands rituels.
Et lorsque le groupe All In All monta sur scène, Fusion des talents, explosion maîtrisée, symbiose rythmique : leur prestation fut synonyme d’un feu d’artifice intérieur.
Cette soirée ne fut pas un simple hommage au jazz, mais une véritable épiphanie artistique. Une nuit où la musique fut plus qu’un art : un lien, une élévation, un acte de foi dans la beauté du collectif.
Ce 30 avril, le Cotton Club n’a pas seulement accueilli des musiciens : il a hébergé des passeurs d’étoiles.