À Bè Wété Komé, l’écojogging fait école : quand la propreté devient un sport de haute citoyenneté

EDUCATION SOCIETE

Ce samedi 18 mai 2025, dès les premières lueurs du jour, un souffle nouveau s’est levé sur le quartier de Bè Wété Komé. Une vague d’engagement et de civisme a déferlé dans les rues, portée par une initiative mêlant sueur, solidarité et sensibilisation : l’écojogging. Plus qu’un simple exercice physique, cette opération a conjugué mouvement et mobilisation, sport et sensibilisation, hygiène et harmonie sociale.

C’est à l’initiative du Comité de Développement du Quartier (CDQ), que les habitants, sacs à la main et baskets aux pieds, ont sillonné les grandes artères du quartier avec une détermination exemplaire. Dès le point de départ , la rue Boko , la troupe dynamique, menée tambour battant par Léon, figure de proue du CDQ, a emprunté un parcours stratégique : rue Rotary Club, boulevard Félix Houphouët-Boigny, et surtout les tronçons délaissés allant de l’ancienne pharmacie Biova à la rue Tchaoudjo, puis de Litime jusqu’au cœur du Rotary Club. Autant de lieux devenus au fil du temps des dépotoirs à ciel ouvert, mais que cette journée citoyenne a transformés en symboles d’espoir et de renouveau.

Loin d’être une simple balade matinale, l’écojogging de Bè Wété Komé a révélé toute la force d’un engagement communautaire. Les participants ont bravé la fatigue pour soulever, ramasser, trier et acheminer les déchets, dans un ballet citoyen qui a redonné des couleurs aux rues autrefois ternies. La rue Patan n’a pas été épargnée par ce vent de changement : elle aussi a été méticuleusement nettoyée, chaque déchet collecté trouvant sa place dans un tri rigoureux.

 » Il ne s’agit pas seulement de ramasser, mais de transmettre un message fort : notre quartier mérite mieux que l’indifférence. Nous devons donner l’exemple « , a déclaré Léon, l’un des visages les plus engagés du CDQ. Pour lui, cette marche active est autant un acte écologique qu’un devoir moral.

Abla Toukpé, infatigable trésorière du dynamique groupement féminin TRESOR, késsinonou littéralement , voit dans cette mobilisation un pas décisif vers la reconquête d’un cadre de vie digne. Pour elle, cette journée ne marque pas seulement un nettoyage de surface :  » C’est toute notre vision du vivre-ensemble qui est en jeu. Un environnement propre, c’est un quartier où l’on respire mieux, où les enfants peuvent jouer sans crainte, où la vie reprend ses droits. « 

Abla incarne cette conscience féminine qui refuse la résignation. Elle appelle à une continuité de l’action : « Nous devons faire de l’entretien de notre quartier un réflexe quotidien, pas une exception ponctuelle. »

Napoléon Akpaloo, président du CDQ Bè Wété Komé, n’a pas mâché ses mots. Pour lui, certaines rues du quartier nécessitent une attention régulière.  » Les rues Tchaoudjo et Rotary Club, notamment, sont des zones où nous intervenons systématiquement lors de nos opérations. Elles concentrent un tel niveau de déchets que nous n’avons pas d’autre choix que d’y revenir réguliérement . il faut répéter les bons gestes jusqu’à ce qu’ils deviennent naturels ».

Au-delà des propos, c’est un appel à la responsabilité collective qu’il lance. Selon lui, les citoyens doivent s’approprier l’espace public, non comme un lieu de passage, mais comme un espace commun à préserver.

Du tri à l’espoir : une pédagogie en action

L’opération ne s’est pas arrêtée au simple ramassage. Une fois les déchets collectés, un tri minutieux a été organisé sur place, classant plastiques, papiers, métaux et autres détritus en vue d’un traitement différencié. Ce geste simple en apparence cache une ambition plus grande : celle d’éduquer, de transmettre, de faire comprendre la nécessité d’une gestion raisonnée et durable des déchets.

Les organisateurs ont ainsi profité de cette démarche pour dialoguer avec les riverains, leur expliquer les méfaits de la pollution plastique, la lenteur de sa dégradation, et les solutions simples à adopter au quotidien. Un véritable cours d’écologie en plein air.

Cette action citoyenne à Bè Wété Komé pourrait bien faire école. Elle prouve que lorsqu’un quartier se lève d’un seul cœur, des miracles peuvent se produire. Ce jour-là, la saleté a cédé la place à la solidarité, et l’indifférence a été balayée par la volonté collective.