Dans la grande partition de la culture togolaise, où chaque artiste est une note vivante et chaque mélodie un fragment d’identité, une dissonance soudaine a récemment troublé l’harmonie collective : l’arrestation de l’artiste Aamron. Un silence pesant s’est alors glissé entre les portées, faisant frissonner les cordes sensibles de la scène nationale. Là où régnait l’écho des refrains rassembleurs, c’est désormais le souffle court de l’incompréhension qui domine.
Face à cet accord brisé, la Fédération Togolaise de Musique (FTM), chef d’orchestre moral de la communauté musicale, a choisi de ne pas jouer les spectatrices muettes. Fidèle à sa vocation de défendre non seulement l’expression artistique mais aussi la dignité humaine, elle s’est élevée comme un diapason dans la tempête, ajustant la fréquence de l’indignation à celle de la raison.
Car au-delà des débats et des claviers numériques frénétiques, ce sont des vies qui vibrent. L’artiste, cet être de chair et de chant, cet artisan des émotions partagées, est aussi un citoyen, un père, un frère, un souffle dans la polyphonie nationale. Et lorsqu’il est frappé d’une telle mesure de silence, il revient à tous ceux qui l’entourent de réaccorder les instruments du dialogue.
Dans une démarche empreinte de sagesse et d’élégance, le Président Ariel Dassanou, à la baguette de la Fédération, a rappelé que « la voix de l’artiste est celle du peuple, qu’elle ne doit ni être réduite au silence, ni amplifiée à l’excès, mais écoutée dans sa complexité. » Loin d’agiter les partitions de la polémique, la FTM a préféré esquisser une fugue vers l’apaisement, tendant la main à toutes les parties pour que résonne la note de la compréhension mutuelle.
Le lundi 3 juin 2025, en session extraordinaire, les dix-sept associations membres de la FTM ont uni leurs timbres dans une résolution forte et claire : prôner l’écoute, invoquer la justice avec humanité et soutenir l’artiste dans l’épreuve, tout en respectant le cadre républicain. Ce chœur d’unanimité n’était pas un simple effet d’annonce, mais bien une déclaration solennelle de solidarité, une réponse harmonieuse au fracas du doute.
Dans ses mots, le Président Dassanou a tracé les lignes mélodiques d’un engagement ferme :
« Nous croyons que c’est par le dialogue et l’apaisement que la lumière pourra percer l’ombre. Notre vœu le plus cher est que justice soit rendue, avec discernement, équité et respect de la dignité humaine. »
Et si l’émotion trouble parfois la justesse des voix, la FTM, elle, n’a jamais perdu la tonalité du cœur. À travers ses communiqués sobres et ses actions mesurées, elle a démontré que dans le tumulte, il est possible de jouer en sourdine sans jamais se taire, d’apporter du soutien sans nourrir la tension.
Enfin, comment ne pas penser à ceux qui, dans l’ombre de l’artiste, subissent les résonances de cette épreuve ? Sa famille, ses enfants, ses proches, sont les harmoniques souvent oubliés du drame. C’est à eux que la FTM adresse aujourd’hui une sonate de compassion, un accompagnement silencieux mais constant.
« Nous leur exprimons notre entière solidarité et notre soutien affectueux, » conclut le Président Dassanou.
« Car dans le silence du chagrin, la chaleur de la fraternité est la plus belle des musiques. »
Ainsi, dans l’attente que le dernier accord soit joué, que la vérité soit dite sans fausse note, et que l’espérance retrouve sa voix, la Fédération Togolaise de Musique réaffirme son engagement : être le souffle discret mais ferme d’une société qui ne veut pas voir ses artistes s’éteindre dans l’indifférence, mais plutôt les voir renaître, vivants, dignes et debout, prêts à rejouer leur part dans la grande symphonie du Togo.