Par-delà les montagnes verdoyantes du Kloto, là où le souffle de la tradition dialogue avec les battements de la jeunesse, un événement s’élève comme un chant d’espoir et de renaissance : le Festival BOOM Kpalimé. À sa tête, un homme-pont entre mémoire et modernité, dignité royale et fibre artistique : Christian Enyonam FOLLY-KOSSI. Rencontre avec un visionnaire qui fait de la culture une mission, du cinéma une communion, et de l’engagement, une profession de foi.
Un roi dans la lumière… de la caméra
Tuteur du Roi, figure charismatique et érudite de Kpalimé, Christian Enyonam FOLLY-KOSSI incarne l’harmonie entre tradition et modernité. Ancien cadre de haut niveau sur la scène internationale, il revient aux sources avec une ambition limpide : offrir à sa ville natale un espace d’expression culturelle digne de sa richesse humaine. Sous sa présidence, le Festival BOOM Kpalimé n’est pas un simple événement, mais un acte de mémoire, de foi et d’amour envers une terre qu’il chérit.
Porté par l’urgence de revitaliser l’image et l’imaginaire, il voit en ce festival un devoir autant qu’un besoin. Car pour lui, la culture est ce souffle essentiel qui permet à une communauté de se souvenir, de se construire, et de rayonner. La culture n’est pas une simple option, elle est socle, moteur, ancrage
Derrière ce nom percutant se cache une vision à la fois poétique et politique : Briller, Oser, Offrir, Montrer. Bien plus qu’un acronyme, BOOM est une clameur. Un signal de réveil dans une époque parfois amnésique. L’événement entend susciter une onde de choc douce, artistique, mais décisive. L’image devient ainsi une arme lumineuse contre l’oubli et l’indifférence.
L’idée est de susciter l’éveil, provoquer l’émergence et briser l’enfermement culturel. Ce festival se veut un pont, une brèche dans le mur de la marginalisation artistique, une scène ouverte pour faire entendre d’autres récits, d’autres regards, d’autres vérité
Loin de toute logique élitiste, le Festival BOOM Kpalimé se veut profondément inclusif. Il s’adresse à la jeunesse créative, souvent en quête de repères, en lui proposant une plateforme d’expression, de formation et de professionnalisation. L’objectif est clair : transformer les talents latents en forces agissantes.
Le grand public est également au cœur de la démarche. Tous les profils sociaux sont invités à redécouvrir le pouvoir de l’image et l’importance de la narration locale. Le cinéma devient ainsi un miroir tendu à la société, un catalyseur de réflexion et d’émotion collective.
Enfin, le secteur privé et les institutions sont conviés à prendre conscience que la culture est bien plus qu’un ornement ; elle est levier économique, outil d’éducation, pilier de cohésion. Un pays qui investit dans l’esprit et la sensibilité de sa population construit une paix durable.
Kpalimé, avec ses paysages à la beauté brute et sa douceur de vivre, est bien plus qu’un décor : c’est une muse. La ville devient, à travers le Festival, un espace d’expérimentation où l’art s’ancre dans le réel. Le cinéma qui y émerge est un cinéma enraciné, qui parle des gens, aux gens, avec les gens.
L’ambition est de professionnaliser la filière locale, de rapprocher les jeunes créateurs des outils, des savoirs, et des publics. Plus qu’un festival, BOOM se veut une école à ciel ouvert, une agora visuelle, un foyer de transmission.
Le Festival honore les artistes togolais non comme des figurants mais comme des piliers. Ce sont eux, les vrais héros de cette illustre aventure culturelle. Acteurs de théâtre, comédiens, réalisateurs, musiciens : tous y trouvent une tribune à leur mesure.
Des figures emblématiques comme Gbadamassi ou Vieux Sanvi Alouwassio illustrent ce lien fécond entre les formes scéniques traditionnelles et les nouvelles écritures visuelles. Le Festival rend ainsi possible un dialogue transgénérationnel qui féconde les imaginaires.
À l’idée que la jeunesse serait indifférente à la culture, Christian Enyonam FOLLY-KOSSI oppose une lecture plus nuancée : selon lui, les jeunes ne manquent pas d’intérêt, ils manquent d’opportunités claires. Ce prétendu désintérêt cache une attente : celle d’être guidés, valorisés, accompagnés.
Le Festival se pose donc en boussole. Il veut démontrer qu’il est possible d’être cinéaste, scénariste, technicien, sans forcément s’expatrier. Il plaide pour une culture accessible, qui valorise les savoir-faire locaux et inscrit les rêves dans le réel.
Au BOOM Festival, la musique n’est pas là pour « meubler » l’image, mais pour l’élever. Elle est partenaire de narration. Chaque film, chaque performance, chaque moment du festival est pensé comme une expérience synesthésique, où le son et l’image dialoguent en profondeur.
Le festival valorise les arrangeurs, les compositeurs de musiques de films, les artistes de scène : tous ces créateurs de vibrations sont perçus comme des griots modernes, des passeurs de mémoire et d’émotion. L’art total y trouve sa place
Le financement du Festival reste un défi. L’événement repose encore largement sur des contributions personnelles, sur la générosité de quelques passionnés et sur une foi inébranlable. Des démarches sont en cours auprès de partenaires publics et privés, mais la mobilisation est encore trop timide.
Pour son président, chaque soutien, même modeste, est une pierre posée à l’édifice du futur. Il appelle donc à un mécénat conscient, à une solidarité culturelle, à une responsabilité partagée. Car en fin de compte, soutenir BOOM, c’est soutenir une vision d’un Togo qui rayonne par sa créativité.
L’avenir du Festival s’écrit en mouvement. Christian Enyonam FOLLY-KOSSI espère voir émerger, à terme, des écoles de cinéma décentralisées, des générations de cinéastes formés sur place, et une politique culturelle qui fasse de la création un axe structurant du développement.
Le rêve est simple, mais puissant : voir un jeune de Kpalimé, caméra en main, porter fièrement son récit, son regard, son monde. BOOM veut faire éclore ces voix. Il veut être tremplin, catalyseur, flambeau.
BOOM Kpalimé n’est pas un simple événement culturel. C’est un acte d’espérance. Un cri doux mais ferme dans le tumulte du monde. C’est un lieu où l’on vient écouter, mais aussi s’écouter. Un lieu où l’on voit des films, mais surtout des possibles.
C’est une promesse faite à la jeunesse, un hommage rendu aux anciens, un pari sur demain.