Au centre communautaire de Bè, l’espoir a changé de visage. En remettant des actes de naissance à 170 femmes et jeunes filles de la commune du Golfe 1, l’ONG Café, dirigée par la dynamique Sonia Mokpokpo DOSSEH , offre bien plus qu’un simple document administratif : elle redonne à des citoyennes oubliées le droit d’exister pleinement.

La Journée Internationale des Droits de la Femme ne saurait se limiter à des discours : elle appelle à des actions concrètes. Et c’est justement dans cette dynamique que s’inscrit l’initiative de l’ONG Café. En ce jour solennel, le centre communautaire de Bè a accueilli une cérémonie d’une portée symbolique et sociale majeure : la remise d’actes de naissance à 170 femmes jusque-là invisibles aux yeux de la République.

Ces femmes revendeuses, apprenties, ménagères, couturières ainsi que plusieurs de leurs enfants, n’avaient jamais été déclarés à l’état civil. Leur quotidien, déjà marqué par les défis socioéconomiques, était doublé d’un enfermement administratif silencieux, qui les empêchait de passer des examens, de se marier légalement, de voyager ou même d’exercer leurs droits les plus fondamentaux.

Sonia Mokpokpo DOSSEH : une vision éclairée au service des sans-voix
Prenant la parole avec assurance et sensibilité, Madame Sonia Mokpokpo DOSSEH, Directrice exécutive de l’ONG Café, a su exprimer avec justesse l’enjeu profond de cette action :

« Donner un acte de naissance, c’est plus qu’un acte administratif : c’est une déclaration d’existence. C’est inscrire ces femmes dans la mémoire de la nation et leur tendre la main vers la dignité. »
Dans le cadre des célébrations nationales du 8 mars, son organisation a voulu, au-delà des mots, poser un acte fort en faveur de l’inclusion sociale. Pour elle, l’identité est la première clé d’accès à la citoyenneté et à la pleine participation des femmes dans la vie de la cité. Car comment prétendre à des droits, à des fonctions électives, ou même à une reconnaissance sociale, quand on est juridiquement « inexistante » ?

En leur remettant leurs actes de naissance, l’ONG Café ouvre à ces femmes la voie vers l’obtention de la nationalité togolaise et de la carte nationale d’identité, étapes déterminantes pour leur autonomie.
Des vies enfin reconnues : la voix des bénéficiaires
Dans un silence empreint d’émotion, Tchitchira Sodiné, l’une des bénéficiaires, a livré un témoignage bouleversant :
« C’est une joie immense. Aujourd’hui, je ne suis plus une femme sans papiers dans mon propre pays. Je peux désormais me débrouiller, faire des démarches, me balader sans peur. Je dis merci à l’ONG Café. »
Elle a également partagé le souhait profond que cette initiative ne s’arrête pas à cette cérémonie, mais qu’elle s’étende à d’autres femmes vivant encore dans l’ombre administrative.
Son témoignage a résonné avec celui de Kenon Akakpo Kafui, une autre récipiendaire dont la vie était suspendue à un seul document. Privée de mariage pendant des années, elle n’attendait que cet acte de naissance pour s’unir légalement à son compagnon. Le visage rayonnant, elle a confié que ce papier tombait à point nommé, ouvrant enfin la porte à une célébration officielle et digne de son amour. Pour elle, être reconnue par l’état civil, c’est aussi être reconnue par la société.

Ces récits révèlent à quel point ce simple bout de papier change des destins, redonne une voix à celles qu’on n’écoutait plus, et réintègre dans le tissu national des citoyennes longtemps reléguées à la marge.
Une identité retrouvée, une société enrichie
En inscrivant 170 femmes dans le registre de l’État, l’ONG Café écrit une nouvelle page de justice sociale, mais aussi de responsabilité collective. La représentativité des femmes dans les instances de décision, tant prônée, commence par l’accès aux droits civiques et à l’identité juridique. Quand on sait que les femmes représentent 52% de la population togolaise, il est impensable que tant d’entre elles soient encore exclues du système administratif et politique par défaut de papiers.
La vision de Sonia Mokpokpo DOSSEH dépasse le geste ponctuel : elle appelle à une mobilisation durable. Car au-delà des chiffres, ce sont des visages, des parcours et des rêves qu’il faut réhabiliter.
Cette cérémonie n’était pas une simple remise de documents : c’était un acte de réparation. C’était la reconnaissance, tardive mais essentielle, que chaque être humain mérite d’être vu, nommé, reconnu. Grâce à la volonté de l’ONG Café et de sa dirigeante, 170 femmes ont franchi le seuil de l’invisibilité pour entrer dans la lumière de la citoyenneté.
Et si l’identité commence par un nom inscrit dans un registre, elle se prolonge dans le droit d’être entendue, de décider, de voter, de construire.